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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 23:05

LA FRANCE OPTIMALE : un dogme suicidaire.

La France fonctionne avec une économie optimale alors qu’elle devrait privilégier une société efficace. Regardons autour de nous. Toutes les composantes de notre économie, entreprises, banques, associations, administrations… Toutes privilégient l’optimisation de leur organisation : Il faut créer le plus possible avec des ressources les plus ajustées possibles. Optimiser, c’est produire juste ce qu’il faut avec un coût de revient minimal pour offrir un produit moins cher que celui du « copain d’à côté » : C’est la compétitivité.  Or, dans cette logique,  l’humain fait partie des charges qu’il faut comprimer, diminuer… Optimiser.  Au passage, notons que la technologie qui devait nous rendre la vie terrestre plus agréable, est désormais essentiellement utilisée à  minimiser l’humain dans l’équation d’optimisation.

 

Economie optimale et contrat social : L’accord impossible.

Si notre modèle de civilisation fonctionnait sans contrat social, tout irait pour le mieux, nous serions « optimaux » et le « rebut » ne compterait tous simplement pas. Mais, pour l’instant, être inhumain n’est pas culturellement acceptable. Nous  rêvons par conséquent d’une société efficace ou chacun aurait sa place. Malheureusement, à l’échelle de l’entreprise,  il faut un fonctionnement optimal, avec peu d’impôts, des revenus importants, une masse salariale polyvalente à géométrie variable.  De facto, avec un tel fonctionnement, l’optimisation  crée une immense masse de précaires, voire, de « sans-emplois ».  Compenser cette conséquence implique nécessairement de coûteuses prestations sociales, ne serait-ce que pour conserver un minimum de paix civile. Par conséquent, plus nous courons individuellement après l’optimisation,  plus nous créons d’exclusion avec des résultats diamétralement opposés à nos aspiration sociales, humanistes.

 

Une seule option : Penser autrement

A mon humble avis, notre erreur est de raisonner à l’envers.  Aller vers une civilisation « efficace » n’est pas compatible avec  ce dogme de l’optimum. En quoi une société efficace serait différente ? Prenons un exemple : Partons en voyage. Je suis efficace, je plie mes 10 chemises de la meilleure façon possible. Le bagage est modeste, d’une masse acceptable. Inversement, Je suis optimal, je ne prends que 5 chemises. Le bagage est petit et léger. Au final, je prends le risque de devoir laver une chemise en route, de ne pas avoir le choix de la couleur, du style et d’en acheter une voire deux. L’efficacité implique la prise en compte d’une globalité, d’un nombre de paramètres plus importants et d’accepter un compromis durable et sûr. Etre optimal, c’est tronquer les problématiques en y enlevant des facteurs. Optimiser implique de prendre des risques, de ne pas avoir de « réserves », d’être exposé plus facilement à l’adversité, au besoin.

 

Un modèle Français efficace.

Si la France était « efficace » elle aurait certainement fait migrer son industrie avec peu de délocalisation. Une France efficace aurait préféré le développement économique de nations du tiers-monde plutôt que d’en importer massivement un main d’œuvre bon marché. Une France efficace aurait préféré une organisation fédérale, en réseau de ville moyennes, au lieu d’une hypercentralisation sur deux ou quatre pôles géographiques. La France « efficace » consignait les bouteilles de verre et employait des ouvriers pour fiabiliser le recyclage au plus près du besoin tout en limitant le recours à du verre « neuf ». La France optimale a supprimé la consigne, fermé des usines ou limité la main d’œuvre, pour remplacer le verre par des emballages perdus et bon marchés tout en spéculant mondialement sur le coût du travail.   La France efficace privilégiait une organisation agricole locale voire pan-régionale avec un recours modéré aux importations de denrées alimentaires . La France optimale,  transporte du lait allemand  pour faire du fromage Normand et se retrouve avec du cheval Roumain dans ses assiettes de lasagne au bœuf.

 

L’économie, la finance, l’administration devraient être au service de l’efficacité globale et non au service de leur optimisation immédiate. C’est pour cela que la « reprise » ne saurait pas tant être le fruit d’une mouvance politique, que celui d’un mode de pensée radicalement différent.

 

L’avenir : Pilotes ou Victimes ?

Tant que nos politiques, élus, nos « élites » ne penserons qu’à  optimiser,  nous serons condamnés à subir nos fortunes et infortunes sans espoir d’en avoir le contrôle.  La reprise, quand elle viendra, sera le fruit de phénomènes planétaires externes. Une  guerre majeure en Asie ramènerait évidemment de l’emploi en Europe mais est-ce vraiment une marque de civilisation, d’évolution que de souhaiter l’échec d’autrui au bénéfice de sa propre fortune ?

 

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Published by Alternotre - dans Editos
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